
Le contexte régional
Le principal objectif de la valorisation des résidus miniers est de recycler les rejets produits par les activités minières pour en faire des produits ou matériaux réutilisables.
La ville de Thetford est historiquement l’un des plus grands centres d’extraction d’amiante au monde. L’extraction d’amiante a eu lieu pendant plusieurs décennies, produisant d’énormes quantités de résidus miniers amiantés. Ces résidus ont été déposés en surface, créant ainsi de vastes haldes au fil des 150 ans d’exploitation.
Une ressource disponible en quantité colossale
On estime à 400 millions de tonnes les résidus accumulés dans la région de Thetford, ceux-ci possédant des quantités importantes de métaux stratégiques et critiques, dont plusieurs projets s’intéressent à leur commercialisation. Les entreprises KSM, Eco2 Magnésia, Skyrenu, Exterra Carbon Solution, Deepsky, Planetary Technologies et 3R Minéral en sont des exemples éloquents.
Comme mentionné lors des consultations du BAPE en 2017, les haldes de résidus provenant de l’exploitation des anciennes mines contiennent, entre autres, du magnésium dans des teneurs de plus de 20 %, ce qui représente une valeur de plus de 400 milliards $CAN en 2017. Grâce à des technologies innovantes, ces métaux peuvent être extraits et réutilisés dans des applications industrielles. Dans le cas du magnésium, cette valorisation peut prendre plusieurs formes, comme l’oxyde de magnésium, le sulfate de magnésium, le magnésium métal et bien d’autres encore. Ceci illustre parfaitement les principes de l’économie circulaire.
L’économie circulaire en bref
L’économie circulaire par la valorisation des résidus miniers est un concept qui repose sur l’idée de transformer un rejet minier en ressources réutilisables, contribuant ainsi à un modèle économique durable où les matériaux sont utilisés de manière efficace et être ensuite réutilisés. Ce modèle vise à réduire l’impact environnemental de l’exploitation minière tout en maximisant la valeur des matériaux présents dans les résidus miniers.
L’économie circulaire, dans son concept général, repose sur quatre grands principes :
- Réduire l’exploitation de ressources naturelles et les impacts environnementaux.
- Réutiliser les produits et matériaux existants aussi longtemps que possible.
- Recycler les matériaux afin de leur donner une nouvelle vie dans des produits ou matériaux nouveaux.
- Réduire les déchets à la source et transformer ce qui reste en ressources.
La carbonatation naturelle
Par ailleurs, la carbonatation naturelle des résidus miniers fait référence au processus où, sous l’effet de conditions naturelles, le magnésium présent dans les résidus miniers sous forme de silicate réagit spontanément avec le dioxyde de carbone (CO₂) présent dans l’atmosphère ou dans l’eau pour former des carbonates stables. La croute présente sur le dessus des haldes est l’exemple parfait de ce processus de carbonatation naturelle à travers les années. Elle est le résultat d’une réaction chimique dans laquelle les minéraux présents dans les haldes réagissent avec le CO₂ pour produire des carbonates. Ainsi, c’est principalement le magnésium (MgO) qui réagit avec le CO₂ pour former des carbonates stables, comme la magnésite (MgCO₃).
La carbonatation industrielle
La carbonatation des résidus miniers est un exemple concret de l’économie circulaire appliquée aux résidus miniers. Cette réaction chimique permet de capturer le dioxyde de carbone (CO₂) présent dans l’atmosphère et de le stocker sous une forme stable et durable (carbonate), réduisant ainsi la concentration de ce gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
Certains projets industriels intègrent la carbonatation accélérée des résidus miniers dans le cadre de systèmes de captage et de stockage du carbone, contribuant ainsi à la lutte contre le changement climatique.
La carbonatation accélérée des résidus miniers fait référence à un processus industriel contrôlé qui vise à accélérer la réaction chimique naturelle entre les résidus miniers (riches en silicate de magnésium) et le dioxyde de carbone (CO₂). Cette méthode permet de transformer les minéraux instables et potentiellement problématiques contenus dans les résidus miniers en carbonates stables et durables de manière plus rapide et contrôlée qu’avec la carbonatation naturelle. Le principal avantage de la carbonatation accélérée est qu’elle permet de stabiliser rapidement les résidus amiantés.
Les carbonates produits lors du processus de carbonatation peuvent être utilisés dans divers secteurs industriels, notamment dans la fabrication de ciment, d’engrais, de matériaux de construction, ou même pour la production d’énergie. Cela permet de transformer des déchets en ressources utiles et ainsi contribuer à une économie circulaire.
Des applications concrètes
La carbonatation accélérée peut être utilisée pour réhabiliter des sites miniers historiques où l’extraction d’amiante a laissé d’importantes quantités de résidus. Cette approche stabilise les rejets tout en diminuant rapidement l’impact environnemental des sites concernés.
Dans un processus industriel accéléré, la carbonatation des résidus miniers peut prendre de quelques jours à quelques mois, en fonction de la technologie utilisée et de l’optimisation du contact avec le CO₂. Ce type de carbonatation est beaucoup plus rapide que la carbonatation naturelle qui peut prendre plusieurs années, voire des siècles.
La valorisation des résidus miniers par la carbonatation industrielle représente une solution innovante qui combine à la fois la gestion durable des haldes minières et la réduction des émissions de CO₂.
Des avantages indéniables
La valorisation des résidus miniers, dans le cadre d’un projet d’économie circulaire, présente plusieurs avantages économiques importants. L’idée centrale est de transformer des résidus miniers en ressources réutilisables, contribuant ainsi à la réduction des coûts environnementaux et à la création d’une valeur économique.
Le développement de technologies pour transformer les résidus en ressources réutilisables permet de stimuler l’innovation et ouvrir des perspectives économiques dans le domaine des technologies vertes et du développement durable.
Les entreprises impliquées dans ces projets peuvent bénéficier de crédits carbone pour la réduction des émissions de CO₂, ce qui peut constituer une source de revenus importante dans le cadre des systèmes de commerce de quotas d’émissions.
Conclusion
La valorisation des résidus miniers dans le cadre d’un projet d’économie circulaire entraîne inévitablement l’arrivée de nouvelles industries, attirant des investissements majeurs dans des projets écologiques et responsables et par conséquent, la création de nouveaux emplois de qualité.
Les avantages économiques de la valorisation des résidus miniers dans un projet d’économie circulaire sont multiples et significatifs pour le Québec. La valorisation permet non seulement de réduire les coûts liés à la gestion des résidus miniers, mais ouvre également la voie à la création de nouveaux investissements, de nouveaux emplois et de nouveaux produits. Finalement, la valorisation contribue à la réduction de l’empreinte écologique de l’exploitation minière, au développement de la science, à la création de nouvelles industries et à la diversification économique.
En transformant un passif industriel en une opportunité de création de richesse, ces projets contribuent à une économie plus durable, plus responsable et surtout résiliente pour les générations à venir.